Jolie messe ? — Aumônerie des hôpitaux de Pau

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Jolie messe ?

 

 

 

 

 

« Quelle jolie messe ! s’exclame Germaine. – Quand on entend ces chants et ces voix, on se sent transporté ! ajoute Philippe. – Oui, la cérémonie était belle, on écrira même dans la gazette paroissiale qu’elle était « rehaussée » par la chorale, « animée » par les enfants du catéchisme et dirigée de main de maître par le curé. – Oui, belle cérémonie, insiste Bertrand, dubitatif, mais l’astu vécue en union avec le Christ ? » Toute liturgie est une action collective qui exige des règles et un décorum censé nous introduire dans le mystère divin. Elle utilise des cantiques, des acclamations, des rites symboliques, des ornements qui touchent la sensibilité, le sens de la beauté ou de la majesté. Mais la première question que l’on devrait se poser lorsqu’on célèbre une messe (et c’est un comble pour Celui qui en est l’Unique célébrant) est la suivante : est-ce que Jésus pourrait y participer ? Que dirait-il à la sortie de l’église ? Bénirait-il notre prière comme il l’a fait pour celle du publicain ou prendrait-il le fouet pour renverser tous les artifices accumulés au fil des siècles qui obscurcissent davantage qu’ils n’éclairent ? Rappellerait-il, comme il le fit avec la Samaritaine, que le vrai culte se célèbre « en esprit et en vérité » ? N’a-t-il pas dit : « Vous ferez cela en mémoire de moi » ? Jésus reconnaîtrait-il son « cela » dans cette cérémonie ? Qui anime la messe ? Qui lui donne une âme (anima) si ce n’est Lui ! Qui a l’outrecuidance de croire qu’il peut « rehausser » la présence du Christ parmi nous ? Combien de liturgies célébrées à « l’occasion de… » comme si l’Eucharistie ne se suffisait pas à elle-même, comme si elle avait besoin de « l’occasion » d’un anniversaire pour exprimer sa plénitude ! « L’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne », répète-t-on à satiété après le concile Vatican II. Sauf lorsqu’elle devient le théâtre dérisoire de nos options religieuses ou politiques ou le reflet d’une vaine satisfaction personnelle. Qu’est-ce qui importe ? La mise en scène ou la Cène ? L’impuissant effort de nos traductions humaines ou l’infinie profondeur du don d’une vie, de la Vie, dans la simple beauté d’un repas d’à-Dieu partagé ?

 

LA CHRONIQUE

                                          JEAN CASANAVE