L'AUMONERIE DES PRISONS
Ce mardi 14 janvier, l'équipe d'aumônerie de l'hôpital a entendu le témoignage de Bertrand ECOMARD, diacre, sur la place qu'occupe l'aumônerie catholique au sein de la maison d'arrêt de Pau.
Issu d'un milieu agricole, Bertrand Ecomard vient de Bretagne avec sa famille en 1978. Il a enseigné et travaillé en Béarn. Puis Mgr. Molères l'a ordonné diacre en 1991. Il s'est alors consacré à aider ou animer différents groupes sociaux dans le secteur palois : aide à des familles dans la gêne, ouverture d'une section de scouts de France, participation à un groupe "amitié-espérance" pour personnes dépressives ou en état de précarité.
En 2005, il a reçu une lettre de mission officielle l'autorisant à animer l'aumônerie de la maison d'arrêt de Pau.
L'établissement se divise en trois quartiers: les hommes, les femmes, et les mineurs, chacun exigeant des conditions particulières. Il nous parle alors de l'emploi du temps type d'une journée de détenu: deux repas par jour, une promenade dans la cour l'après-midi.... L'aumônerie s'adapte pour insérer visites individuelles et offices collectifs. La pièce où ont lieu les offices n'accepte pas plus d'une quinzaine de personnes.
Les visites sont évidemment très contrôlées. Des précautions sont indispensables : Se défaire à l'entrée de tout objet pouvant attirer l'attention d'un détenu. Certains sont pervers ou facilement violents.
Mr. Ecomard nous parle alors de ses échanges avec des détenus. Il y a une quinzaine de femmes pour une quarantaine d'hommes. La personne arrêtée qui arrive, menottes aux mains et entraves aux pieds, est évidemment choquée. Elle se voit privée de tout et doit partager une cellule inconfortable avec plusieurs autres inconnus, souvent fumeurs ou de caractère instable.
L'aumônier doit trouver des créneaux dans l'un des trois boxes prévus pour les avocats, les policiers de la brigade judiciaire, les personnes sociales, les familles…
L'aumônier recueille alors parfois des confidences. La plupart ont connu une enfance difficile, dans une famille déstructurée, ou en placement en famille d'accueil ou en foyer spécialisé pour enfants en difficulté. Ils ont souvent été abusés, ou souffrent d'une addiction: à l'alcool, à la drogue, au sexe… Certains s'expliquent mal la violence ou la panique qui les a saisis au moment du passage à l'acte.
L'aumônier se garde de prosélytisme, mais où placer Dieu dans ce parcours? La question de la pénitence et du pardon est essentielle dans la rencontre. Certains se mettent à pleurer en prenant conscience de la possibilité de pardon donnée par le Père. Il arrive qu'un chemin de paix parvienne à se tracer en cellule, aboutissant à une demande de baptême, une demande de communion… Les aumôniers proposent alors un parcours de formation.
"Notre chance, c'est la confiance qu'ils nous font, nous ne faisons pas partie du personnel pénitentiaire". La difficulté, c'est leur manque d'éducation. Ils sont pleins de résolutions, mais ils ont du mal à tenir la route. Il y a la drogue, l'entourage… La violence qui peut éclater, imprévisible.
Arrive la perspective de la sortie de prison : que deviennent-ils s'ils n'ont pas de travail ni de famille?
Les aumôniers visiteurs de prison tiennent de temps en temps une réunion à la paroisse, ajoute Bertrand Ecomard, pour garder un lien, mettre en commun nos expériences, encourager l'espérance.
Robert LATAPIE
membre de l'Equipe de l'Aumônerie