Voyage du pape : infatigable ténacité — Aumônerie des hôpitaux de Pau

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Voyage du pape : infatigable ténacité

 

 

 

 

Éditorial 

Le périple en Asie du pape François est fidèle à qui il est et à ce qu’il veut pour l’Église. En ce sens, il est un moment essentiel de son pontificat. Arnaud Alibert, rédacteur en chef assomptionniste, en souligne les enseignements.

Mardi 3 septembre, le pape François a atterri en Indonésie, pour ce qui sera sans doute le plus long voyage de son pontificat. On sait pourtant que sa santé est fragile. Mais rien ne semble le détourner de sa ligne. Dès le premier jour de son pontificat, François s’est efforcé d’être un pédagogue pour l’Église, en se donnant en exemple. Il s’est montré humble en demandant qu’on prie pour lui, habitude qui restera sa marque, puisqu’il ne cesse de renouveler cette demande au gré de ses rencontres. Il veut aussi montrer que lorsqu’on a donné sa vie au Christ, il n’est plus question de la reprendre. Il se donne donc pleinement à son ministère, sans souci de sa personne. Aussi, au mépris de la prudence médicale, a-t-il maintenu ce déplacement en Asie du Sud-Est, d’autant plus qu’il lui est apparu essentiel et parfaitement cohérent avec ses préoccupations pastorales.

Parmi elles, il y a d’abord le souci des périphéries géographiques de l’Église. François va donc soutenir les communautés catholiques du bout du monde, là où elles sont ultraminoritaires comme en Indonésie, tout autant que là où elles sont profondément associées au récit national comme au Timor oriental. Au fond, n’est-il pas pasteur universel ? À ce point fondamental s’ajoute un propos de circonstance. Lui-même reconnaît qu’il est en fin de mandat. Il ne peut pas ignorer l’échéance de sa succession ; il la prépare donc en posant, par ce voyage, l’Asie comme un enjeu essentiel et cela, d’autant plus qu’il doit procéder très bientôt à une série de nomination de cardinaux, ce qu’on appelle un consistoire. Ce voyage n’est peut-être pas étranger à cette préoccupation.

Ensuite, le dialogue interreligieux. Jeudi, à Djakarta, le pape a cosigné un texte avec l’imam de la plus grande mosquée d’Asie sur cette question. Son idée est aussi simple que forte : le dialogue interreligieux est un devoir en vue de la paix dans le monde. Il ne s’agit donc pas d’abord d’un exercice de théologie ou de diplomatie ; il s’agit de montrer l’exemple – on retrouve là son insistance personnelle. Contre l’obscurantisme religieux, le pape n’oppose pas une démonstration intellectuelle mais l’impératif de la fraternité humaine, l’insistance du soin que nous devons avoir pour nos relations humaines.

Enfin, évidemment, le pape continue de nourrir son objectif de se rendre en Chine. Ses voyages tournent autour de l’empire du Milieu : Mongolie, Corée, Japon, Philippines, Indonésie, Singapour, Birmanie. Il a déjà beaucoup fait pour normaliser les relations de l’Église avec le pouvoir de Pékin, plus que ses prédécesseurs. L’évangélisation de la Chine est ancienne ; il s’en est fallu de peu que l’Évangile se diffuse largement dans cette immense culture. Le pape, en bon jésuite, n’a pas renoncé à cette ambition. Pour déraisonnable que soit ce voyage, l’avenir lui donnera peut-être raison !

 

Arnaud Alibert, rédacteur en chef à La Croix